Jessica Eisenfeld Zakine est à l’architecture ce que la pierre est à l’édifice. Détails d’un parcours que l’on croirait tracé sur plan.

« Donc, vous ne connaissez pas mon histoire? » ironise-t-elle d’entrée. Quelques secondes dans la même pièce que Jessica Eisenfeld Zakine suffisent pour se sentir à l’aise, porté par son naturel décontracté.

Elle ne s’asseoit pas, elle vous fait visiter son appartement niçois comme si vous vous y installiez juste après. On la sent à cheval sur l’agencement des pièces et le parcours de la lumière. Ou défaite par ce recoin encore mal agencé que vous n’aviez pas remarqué.

Puis nous entamons les fondations. Jessica Eisenfeld Zakine («Vous écrirez J.E.Z.») est née à Paris de parents urugayens.
De son enfance, elle ne se souvient pas avoir été princesse à rêver de châteaux. Elle se revoit plutôt affairée à ériger des bâtisses à l’aide de livres de la bibliothèque parentale, pour y abriter ses poupées.

Chaque année, la petite Jessica brûle de voir arriver l’été. Là où les plus grands y voient la saison de l’ennui et/ou de l’amour et des moustiques, Jessica se régale des locations de vacances régulièrement assiégées, prenant un malin plaisir à les réaménager de fond en comble.

En pleine construction adolescente, Jessica se voit bien tenter médecine. Son père, fin psychologue de métier, la diagnostique trop perfectionniste pour cela tandis que sa mère, à la maison et à l’orientation, la voit plutôt architecte.

Bingo! J.E.Z. ouvre les portes de l’École d’Architecture de Paris-Val de Marne, puis celles des Beaux-Arts de Paris d’où elle ressort félicitée et Architecte DPLG en 2004.

S’appuyant aussi sur un cycle de design produit à Créapole et un DEA en Urbanisme à Panthéon-Sorbonne, et après avoir essuyé, quasi littéralement, les plâtres d’une gare de Strasbourg rénovée avec succès pour le TGV, Jessica échafaude sa carrière à grande vitesse.

Elle qui déclare détester les oeuillères et la peur, s’impose très vite à Buenos Aires, chez Roitman & Associados, pour le compte du groupe mégalo-publicitaire WPP.

C’est aussi dans la plus hausmanienne des capitales d’Amérique, boostée par la confiance de clients de taille quant à sa modernité, son raffinement et sa capacité à conduire de grands projets, que Jessica crée Building Ideas. C’est dans le Paris des Porteños que son cabinet prend son envol.

Jusqu’à ce que J.E.Z. revienne en France. Attachée à la French Riviera comme la côte est attachée à l’azur, elle s’installe à Nice. Celle pour qui l’architecture n’a jamais été une façade y importe Building Ideas, aujourd’hui dotée d’une forte approche globale et internationale.

Et quand Jessica vous annonce qu’elle gère en ce moment près de 17 projets, vous vous dites que vous allez peut-être la laisser. Avec cette agréable impression que , de toutes les façons, vous repasserez.